La folle époque de Jean Galia

Jean Galia (dit Monsieur Jean) est le promoteur du rugby à XIII en France, né le 20 mars 1905 à Ille-sur-Tet, décédé en 1949 à Toulouse. 1 m 80 pour 85 kg, il était un joueur seconde ligne du rugby à XV, puis devint par la force des choses un joueur et dirigeant du rugby à XIII. 

Avant de talent, ayant débuté à l'US Quillan avant de partir à l'USAP, ce Catalan migra à Villeneuve sur lot dont il devint le capitaine de l'équipe de rugby à XV, le Club Athlétique Villeneuvois (CAV XV) en 1930. Il fut radié en janvier 1933 par les notables de la FFR, bien plus pour les mauvais rapports qu'il entretenait avec eux que pour son non-respect contesté des règles de l'amateurisme (auxquelles à l'époque peu de dirigeants français ne rendaient en fait totalement grâce). Il était accusé d'avoir acheté le transfert d'un joueur de l'USAP (effectuant son service militaire à Agen) en faveur du CAV XV. Pour cette affaire, le CAV XV fut suspendu de championnat de novembre 1932 à mai 1933 (le jeune Max Rousié était alors déjà membre du CAV XV). 

Contacté à l'hiver 1933 par les Britanniques de la RFL (qui le considéraient comme le meilleur avant d'Europe du rugby à XV), Galia "monta" rapidement la première équipe treiziste française avec laquelle, en mars 1934, il fit une mémorable tournée en Angleterre (il était à la fois le capitaine et le manager de cette équipe). Cette équipe appelée les Galia's boys a été formée de 17 joueurs en délicatesse ou débauchés du monde quinziste. J. Galia est l'une des 5 à 6 personnes à l'origine de la naissance du rugby à XIII gallican qui, en 6 ans (juillet 1934 à octobre 1940), avait rallié ou crée de 155 à 160 clubs. 

Le "néo-rugby" pouvait espérer dans les années suivantes (de part l'engouement qu'il succitait: jeu rapide, débridé et matchs internationaux) supplanter le rugby à XV en France (quoique ayant perdu 105 clubs, la FFR en avait cependant toujours 558 d'affiliés en 1939) car les Homes Unions britanniques avaient rompu toute relation avec la FFR au motif de son prétendu amateurisme quand, fin octobre 1940, il fut interdit dans les premiers mois du Régime de Vichy et de sa Révolution nationale. Jean Galia, un homme dans son siècle Au-delà du sportif complet qu'il était, jean Galia était aussi un leader, un homme d'affaires rigou­reux qui a très tôt compris tout le bien qu'il pou­vait tirer de ses qualités.

Il est celui par qui le rugby à XIII est arrivé en France. Sans lui, ou encore Victor Breyer, sans les erreurs de la Fédération Française de Rugby à XV, la France serait sans doute comme l'Espagne, une terre inconnue pour le rugby à XIII. Les treizistes seront toujours redevables auprès de Jean Galia, d'avoir donné racine à ce rugby à XIII qui, par sa spontanéité, sa clarté, sa dimension physique, sa générosité, ses règles simples, ouvre la porte au jeu. Cela même si l'on s'est trop souvent nourri d'utopie, pour masquer la faiblesse du rugby à XIII hexagonal. 

Jean Galia est né le 20 mars 1905 à Ille-sur-Tet, dans la maison familiale située avenue Pasteur, à la croisée des routes de Thuir et de Perpignan, où ses parents tiennent un magasin d'expédition de fruits et légumes. Tout un symbole pour celui qui va se retrouver près de 3o ans plus tard à la croisée des chemins d'ovalie. 

Fernand Périé, romancier illois, garde en mémoire les moments partagés avec Jean Galia, notamment chez Hyacinthe Aubert, ailier talentueux et fantaisiste de l'US illois : "Hyacinthe avait aménagé une véritable salle de sport dans sa grange et dans son jardin. Nous avions accès à toutes les disciplines athlétiques : agrès, cordes, poids, nous pratiquions aussi l'athlétisme et la boxe. J'ai été un des élèves de Jean Galia, qui fut d'ailleurs champion de France de boxe amateur en battant Platner. Il m'a appris à boxer avec Abdon Cassa qui deviendra plus tard général des sapeurs-pompiers de Paris. Galia m'a appris une chose terrible, savoir boxer sans se faire de mal. Et il me bottait les fesses, car il était très coléreux. Ses parents étaient expéditeurs en fruits et légumes et possédaient le seul camion qu'il y avait à Ille. Sa mère était l'austérité même. Elle vendait les pêches au marché. C'était une maîtresse femme." 

 C'est sur le terrain Batlle, délimité par le canal de Thuir et la route de Prades, que masquait la silhouette des cyprès, à portée de drop de l'actuel stade Jean-Galia, que Jean Galia connaît ses premiers émois rugbystiques. L'US Illoise y anime les rendez-vous dominicaux. Jean Galia porte l'espace de quelques matches le maillot de l'US Millas. C'est là qu'Ernest Camo, champion de France en 1925 avec l'USP le découvre. "Ce fut dans les années 1928-1929 que je fis véri­tablement connaissance avec celui qui allait devenir mon grand ami. Quelques années auparavant, je l'avais vu jouer dans l'équipe de rugby du canton. J'assistais donc à ce match, un dimanche après-midi, en compagnie de mon frère Edouard. Je remarquais particulièrement un jeune homme grand qui instrumentait dans la ligne d'avants. Son jeu n'avait pas encore la classe d'un prince du rugby, mais il jouait en connaisseur et sa façon d'opérer me plaisait. Son adresse pour se saisir du ballon à la touche, sa manière de foncer avec maîtrise et son art de passer son ballon à bon escient, me séduisaient.". Champion de France de boxe amateur Sportif complet, athlétique (1,8o m, 85 kg), Jean Galia pratiquait donc la boxe. 
Son cousin Sébastien Galia se souvient de quelques rendez-vous musclés : "ll était fort, nous allions chez lui et nous mettions les gants et il voulait qu'on frappe. C'était une force de la nature." Il concrétise son talent en deve­nant champion de France amateur chez les lourds. Lorsqu'il rejoint Villeneuve-sur-Lot, il pratique l'aviron, aux côtés de Jean Barres, avec autant d'aisance que lorsqu'il enfilait les gants ou se jouait d'une défense adverse. "Tout sortait naturellement chez lui. Il avait ça ancré." assure Sébastien Galia. On le disait altier, abrupt, mais fidèle en amitié. Intelligent et lucide, l'homme était d'une rare élégance et doué pour les affaires. Il avait un goût prononcé pour les belles voitures. Lors de son service militaire chez les aérostiers à Toulouse, il porte les couleurs du TOEC. 
Et celui qui va devenir un des meilleurs avants d'Europe vit les portes de l'Union Sportive Perpignanaise se refermer de manière peu courtoise. Un dirigeant influent de l'USP pria Ernest Camo, lors d'un entraînement au stade Jean-Laffon, de ne plus amener son ami : "Ne le fais plus venir". Ce dirigeant ajoutait en catalan : "Es pas camat". Ce qui n'empêchera pas Ernest Camo de retrouver jean Galia quelques années plus tard, pour une autre aventure à Villeneuve-sur-Lot et l'Illois de faire une belle carrière internationale. 

 Les belles années de l'US Quillan L'été 1926 est placé sous le signe du Tour de France à Perpignan. Le jeudi 8 juillet, le Belge Lucien Buysse de l'équipe Automoto gagne l'étape Luchon-Perpignan, après 14o km d'échappée, et fait basculer le Tour de France. Un été décisif pour Galia. Le chapelier quillanais jean Bourrel débauche des joueurs de l'USP et des Quins, afin de renforcer le club de la Haute Vallée de l'Aude. Jean Galia passe aussi la Pierre-Lys et sera de l'aventure pour 80000 francs-or. Alors que l'amateurisme marron règne en coulisse, Jean Bourrel et l'US Quillan ont une autre idée du rugby, qui fera grand bruit et suscitera des jalousies. Entraînée par Gilbert Brutus, l'Union Sportive Quillanaise va connaître trois saisons prolifiques. Jean Galia, Ernest Camo et Gilbert Brutus effectuent chaque jeudi, en voiture, les déplacements dans l'Aude. Dans la promiscuité du véhi­cule, ils nouent une grande amitié. "Dans l'après-midi nous prenions part à l'entraînement de l'équipe, pour repartir de la sous-préfecture de l'Aude le soir. 
Que d'agréables souve­nirs me rappellent aujourd'hui ces voyages, avec les discus­sions passionnées qui s'engageaient avec mes excellents amis durant le parcours sur cette route, qui serpente très plai­samment à travers deux départements limitrophes, en lon­geant pendant des kilomètres le cours sinueux et pittoresque de l'Aude." Le 6 mai 1928, Quillan s'incline en finale du championnat de France de 1re division, à Toulouse, face à la Section Paloise : 6 à 4. Le 19 Mai 1929, Quillan devient champion de France à Tou­louse, en battant le FC Lézignan 11 à 8 et ramène le "Brennus" dans la cité des Trois Quilles. Une finale qui fut particulièrement violente. International dix-neuf fois Le 18 mai 1930, au Parc Lescure à Bordeaux, Quillan est une nouvelle fois au pied du bouclier de Brennus, mais s'incline (4-o) face au SU Agen. 
Durant la période quillanaise de 1926 à 1931, Jean Galia porte 19 fois les couleurs de l'équipe de France : Angleterre, Allemagne (2) en 1927 ; Ecosse, Nouvelles Galles du Sud, Irlande, Angleterre en 1928 ; Irlande, Angleterre, Allemagne en 1929 ; Écosse, Irlande, Angleterre, Allemagne, Pays de Galles en 1930 ; Écosse, Angleterre, Pays de Galles Alle­magne en 1931. Il est reconnu par les Britanniques comme le meilleur avant d'Europe. La scission entre la Fédération Française de Rugby (FFR) et l'Union Française de Rugby Amateur (UFRA), créée le 24 janvier 1931, se déroule dans un climat délétère. 12 grands clubs dont l'US Perpignan quittent la FFR. Le 31 mars 1932 les Britanniques suspendent la FFR de toutes rencon­tres internationales. Il en sera ainsi durant près de huit ans. La "Perfide Albion" est en train de préparer le ter­reau qui va permettre au rugby à XIII d'éclore en France. Jean Galia a quitté l'US Quillan, avec son ami Ernest Camo, pour rejoindre le CA Villeneuve, où il retrouve le pilier international de Villeneuve-de-la­Raho, Camille Montade, qui fut cham­pion de France avec l'USP en 1925.

Située sur les bords du Lot, Ville­neuve-sur-Lot est une ville qui prospère autour du pruneau et de l'industrie agroalimentaire. Sous l'im­pulsion du maire et conseiller général, Georges Bordeneuve, la riante cité lot-et­-garonnaise veut se doter d'une équipe de haut niveau. Elle possède déjà un "bijou" du nom de Max Rousié ; le Marmandais (15 sélections 1935-1938 fut le joueur le plus doué de la génération treiziste. Camille Montade sera l'initiateur du rapprochement avec Jean Galia et Ernest Camo. C'est lui qui fera le déplacement en Roussillon avec un dirigeant villeneuvois afin de sceller le destin de Jean Galia.
Le rendez-vous a lieu au Casino de Canet-plage. Les jeux sont faits. Les affaires sont les affaires, jean Galia et Ernest Camo ouvrent à Villeneuve un magasin de chapellerie et d'ar­ticles de sport, situé au 34, rue de Paris. Galia ouvrira par la suite des salles de cinéma à Villeneuve : le "Ciné Palace" et "L'Olympia", puis le "Fantasio" à Toulouse. René Verdier, ancien collaborateur de Sud-Ouest, de la Dépêche du Midi, et correspondant de "L'Indépendant" auteur de "L'épopée du 13 vert" garde en mémoire le regard des Villeneuvois sur ce joueur d'exception : "C'était un homme élégant. Il changeait de costume trois fois par jour. Il ne buvait pas d'alcool. Lorsqu'il pas­sait au Café des Négociants, il pre­nait une infusion, mais il ne mettait jamais la main à la poche. Par contre il ne lésinait pas sur le luxe des ses voitures : une Bugatti, une Nash, une Alfa Roméo, autant de trésors qui ont étayé sa légende, comme cette panthère qu'il aurait adoptée."

A Villeneuve, Galia assure le spectacle, sur et hors de la pelouse. "Lorsqu'il composait l'équipe, il faisait un va-et-vient, les mains dans le dos, depuis la Porte de Paris jusqu'aux grands boule­vards, accompagné de Raoul de Péricot, du docteur Léon Vinson. Il avait des domestiques qui étaient chargés de lui amener la voiture à la Porte de Paris lorsqu'il souhaitait partir : 'Mon­sieur jean votre voiture est avancée'. Il était aussi un excel­lent rameur au sein de l'Aviron Villeneuvois." 

L'affaire Noguères éclate.  Au cours de la saison 1931-32, François Noguères, qui effectue son service militaire à Agen, porte les couleurs du CA Villeneuve. Au terme de son incorporation il regagne le Boulou et retrouve son club d'origine l'Union Sportive Perpignanaise, dont Marcel Laborde est l'animateur. En début d'année 1933 il y brille particulièrement. Jean Galia et Camille Montade ont toujours un oeil sur François Noguères. Ils contactent le Boulounenc. 

Eclate alors une affaire digne d'un roman d'espionnage. Un télégramme adressé à François Noguères est intercepté. Il y est question de "Frais de déplacement" et il est signé Jean. "Une fois mon service militaire à Agen terminé, Jean Galia était venu me voir pour que j'aille le rejoindre à Villeneuve. Bien sûr qu'il y a eu un échange de correspondance entre nous, et un télégramme fut intercepté par les dirigeants de l'USP peu désireux de me laisser partir" déclarait François Noguères dans "XIII Catalan, Cinquante ans d'épopée". Et d'ajouter : "C'est ainsi que Maurice Vails (secrétaire de l'USP) me lança sur le quai de la gare : Ne t'en va pas ou tu seras disqualifié. Je rebroussai chemin, défis mes valises et ré-enfilai le maillot de l'USP, pas pour longtemps d'ailleurs..." 

Marcel Laborde qui, par un curieux hasard, deviendra l'allié de circonstance de Galia quelques mois plus tard, exhibe fièrement ce télégramme. Laborde, dit le "lapin", s'apprête à vivre des lendemains difficiles, mais il ne le sait pas encore. Jean Galia, François Noguères et les dirigeants du CAV sont radiés ipso facto. Secoué par l'affaire Noguères, mais pas abattu, Jean Galia prépare son retour. Sa forte personnalité reprend le dessus. Il comprend rapidement que le rugby à XIII a sa place dans le paysage rugbystique français. 

Le 31 décembre 1933, il assiste à la première rencontre de rugby à XIII sur le sol français. Elle a pour cadre le stade Per­shing à Paris où, dans un froid glacial, devant 20 000 spectateurs, l'Australie bat l'Angleterre 63 à 13. Galia est sous le charme de ce qu'il vient de voir. Il se confie à son ami Ernest Camo : "Ernest me disait-il, c'était magnifique, des envolées splendides, des combinaisons magistrales, des renversements d'attaque, tout cela c'est le rugby à XIII. Un rugby pareil ça ne se décrit pas, ça se déguste comme un mets rare. Aussitôt qu'on l'aborde, on reste perdu d'admiration. Il n'est qu'adresse, élégance, intuition, imagination, virtuosité. Il se prête aux combinaisons les plus subtiles. Les passes croisées fusent dans tous les angles. De tels joueurs, une telle forme d'assurance et de technique, c'est à ne pas y croire. Pourtant ça existe. je l'ai vu de mes yeux vus !". 

Les "Galia Boys" s'envolent pour l'Angleterre Après de tels propos, on a du mal à croire que le Catalan d'Ille-sur-Tet ne puisse être l'homme de la situation, l'homme à qui la Rugby League va faire totale confiance. Tout comme à Victor Breyer, qui sera le binôme de Galia pour démarrer cette aventure. Jean Galia leur rendra cette confiance, grâce à un travail de tous les instants, un investissement total. Jouant de son charisme, de ses connaissances, de son sens des affaires, il va sillonner les routes de France, au volant de son Alfa Roméo ou de sa Nash au long capot. 
Il effectua de longs et harassants déplacements à Chalon-sur-Saône pour y rencontrer Antonin Barbazange. A Oyonnax (Jura) où il resta trois jours afin de convaincre Charles Mathon. Galia sait qu'il doit faire vite. 

La FFR voit d'un très mauvais oeil l'éclosion du rugby à XIII en France. Elle fulmine contre ceux qu'elle a longtemps couvés sous son manteau. Elle interdit les terrains, menace ceux qui porteront assistance aux treizistes. Mais tout le paradoxe de cette affaire, c'est que les "Orthodoxes" eux-mêmes ont créé cette "hérésie", ce rugby parfait qui épouse plein nez les contours du pays cathare. Ce n'est pas un hasard. Les treizistes connaîtront leur Montségur le 19 décembre 1941... Galia bat le rappel de ses amis, de ses connaissances, pour composer une sélection qui doit partir pour l'Angleterre. L'équipe composée a fière allure : Jean Galia (C.A. Ville­neuve), François Recaborde (Section Paloise), jean Duhau (S.A. Bordelais), Robert Samatan (S.U. Agen), Joseph Carrère (R.C. Narbonne), Maurice Porra (Lyon O.U.), Georges Blanc (Capbreton), Charles Petit (S.L. Nancy), Charles Mathon (Oyonnax), Laurent Lambert (Avignon), Antonin Barbazange (Roanne), François Noue[ (S.A. Bordelais), Jean Cassagneau (Espéraza), Gaston Amila (Lézignan), Jean-Marie Vignal (Tou­louse), Henri Dechavanne (Roanne), Lolo Fabre (Lézignan). Ces 17 pionniers baptisés les "Galia' boys" effectuent une tournée début mars 1934 en Angleterre. Le 6 mars à Wigan, ils sont battus (30-27) avec deux essais de Galia. Itou le 8 mars à White City par les "London Highfield". Le 14 mars par Leeds. La sélection française affronte une sélection de la Rugby League, le 17 mars, à Warrington, et s'incline 32 à 16. Les Français sont éprouvés par la rapidité de ce rugby, mais ils obtiennent un premier succès, le 24 mars à Hull (26-23), et s'inclinent en fin de tournée à Salford (35-15). 

6 avril 1934,une date clef pour le rugby à X111. C'est le 6 avril 1934 que les statuts de la Ligue Française de Rugby à XIII sont déposés à la Préfecture de police de Paris et c'est un Breton, François Cadoret, député-maire de Riec-sur-Belon, qui en devient le président. Jean Galia est membre du comité directeur. Le premier acte concret de cette ligue, est l'organisation le 15 avril 1934 au Stade vélodrome Buffalo, dirigé par Victor Breyer, d'un France-Angleterre qui fait stade comble.
Comme un ressort, le rugby à XIII se dresse sur l'Hexagone. Une sélection du Yorkshire arrive en France début mai et dis­pute cinq rencontres à Lyon, Paris, Villeneuve-sur-Lot, Bor­deaux et Pau. C'est dans les salons de l'Hôtel Gache, à Villeneuve-sur-Lot à l'issue de la rencontre opposant Villeneuve à une sélection du Yorkshire, disputée au stade du Pont-du-Marot devant 10000 spectateurs, où Max Rousié joua son premier match à XIII, que Jean Galia annonce officiellement sa décision de pour­suivre son aventure à XIII. "Le dépôt des statuts était antérieur, Jean Galia avait dit oui, mais attendez ! C'est d'ailleurs pour ça qu'il n'avait pas pris Max Rousié pour la tournée en Angleterre. Maintenant nous pouvons partir, dira-t-il" raconte René Verdier. 
Nous étions le 6 mai 1934, Marcel Laborde était dans la salle, intéressé par ce qu'il venait d'entendre. Car à Perpignan se joue dans l'arrière-scène une drôle de guerre. L'Union Sportive Perpignanaise et les Quins fusionnent le 5 mai 1933 pour devenir l'USAP. Les Quins imposent comme condition à cette fusion l'exclusion de Marcel Laborde. Un coup dur pour "le lapin" qui jusqu'alors a été de toutes les campagnes. N'oublions pas qu'il fut de la première fusion en 1909 entre clubs perpignanais sous le sigle ASP, puis d'une nouvelle fusion en 1919 entre l'ASP et le SOP, qui deviennent l'USP 

L'intrigue menace à Perpignan.   L'ancien demi de mêlée de l'Association Sportive Perpigna­naise n'en resta pas là. Sur le pavé de la Loge, depuis les arcades du Café de France, sous le couvert de la Barre, jusqu'à la rue des Trois-Journées, l'intrigue menace. Jean Galia l'excommunié et Marcel Laborde laissé pour compte se retrouvent sur le même terrain. Galia n'hésite pas à taire quelques veilles querelles. Il connaît la valeur de Marcel Laborde. Laborde est au centre de la création d'un nouveau club, l'Association Sportive Perpignanaise (ASP), qui est composée d'anciens membres de l'USP, avec à leur tête Jean Durand, Joseph Lloanci et le docteur Gaston Banet. 
Marcel Laborde a pignon sur rue depuis la Chambre de commerce où il joue de son charisme et de ses réseaux d'in­fluence. Il suit l'évolution du rugby catalan, dans lequel il va rapidement replonger. Il est sollicité par ses amis de l'ASP, dont les statuts ont été officialisés le 27 juin 1934, et il adhère à l'ASP le 7 juillet 1934. Entre deux rebonds, le Tour de France est au centre des conversations. René Lapébie s'impose le mercredi 18 juillet dans l'étape Montpellier-Perpignan. Antonin Magne porte le maillot jaune. L'étape Perpignan-Ax-les-Thermes est marquée par le sauvetage du jeune René Vietto (2o ans) qui offre sa roue à Magne et s'effondre en pleurs sur un muret de pierres. Tonin gagne le Tour 1934. Vietto entre dans l'histoire. Dans la chaleur estivale et sur la braise ardente du rugby roussillonnais, Jean Galia va venir attiser le feu. Il entre en contact avec le docteur Gaston Banet et Marcel Laborde, et leur propose d'intégrer la Ligue Française de rugby à XIII. 

Naissance du XIII Catalan le 24 août 1934.  A l'issue de cette entrevue, où Banet et Laborde imposent comme condition sine qua non le retour de François Noguères, Aimé Bardes, Martin Serre et Dafis, de Villeneuve­sur-Lot à Perpignan, l'ASP tient une assemblée générale le 24 août 1934 au Café de la Poste. Avec sa verve habituelle, Marcel Laborde rend compte de l'entrevue avec Jean Galia. Il argumente et convainc. En cette fin de soirée historique, l'ASP quitte le giron quinziste. Le XIII Catalan est créé. Il por­tera le maillot blanc comme les neiges du Canigou, écus­sonné du losange sang et or. Villeneuve-sur-Lot, avait franchi le premier pas autour du docteur Vinson. Dans le sillage de Galia, Georges Bordeneuve (il sera plus tard sénateur, Ministre des Beaux-Arts, Ministre de l'Instruction Publique) avait entraîné tout le CAV, qui devenait le Sport Athlétique Villeneuvois XIII, dont jean Galia sera le capitaine-entraîneur. L'énorme activité de Jean Galia permet au premier championnat de France de rugby à XIII de débuter en octobre 1934. Les 1o clubs pionniers sont : Paris Rugby XIII, Union Sportive Lyon-Villeurbanne, Racing Club de Roanne, XIII Catalan, Racing Club Albigeois, Sport Athlétique Villeneuvois, Pau XIII, Côte Basque XIII, Bordeaux XIII, Stade Olympique Biterrois. 
Des stades sortent de terre Le plus gros problème que vont rencontrer les treizistes sera de trouver des installations sportives.

L'histoire est un éternel recommencement puisqu'en 2006, les Dragons Catalans ont connu les mêmes déboires. A Perpignan, Albi, Bayonne, la Ligue Française de Rugby à XIII se voit interdire l'accès aux terrains. Les treizistes pestiférés se prennent par la main, des stades sortent de terre et voient le jour en quel­ques semaines, sur des terrains incultes aux périphéries des villes. A Perpignan, une centaine d'abricotiers au nord de la ville en feront les frais. Les dirigeants-terrassiers y travailleront jusqu'à la pointe du jour, afin d'y recevoir dans la journée le club anglais de Salford. Les Catalans prendront 52 points sur un stade poussiéreux balayé par la tramontane, mais le jeu pratiqué, le succès populaire et l'imposante recette (52 000 F) vont galvaniser les pionniers. 

Le premier titre de champion de France est décerné aux points au cours de la saison 1934-1935 et ce sont les Villeneuvois du capitaine-entraîneur Jean Galia qui se montrent les meilleurs. La saison 1935-1936 voit le RC. Narbonne, le CA. Brive, le SU. Cavaillon et l'AS. Carcassonne rejoindre le giron treiziste. Le XIII Catalan élimine Roanne en demi-finale (14-12). Dans l'autre demi-finale, Bordeaux élimine Lyon­Villeurbanne (6-5). La finale a lieu chez les Bordelais au Parc de Suzon, où 20000 spectateurs ont pris place pour une recette de 100 000 F. L'équipe est composée de : Noguères, Azais, Lavagne, Bosch, Suarez (o), Tintin Saltraille (m), Ascola, Martin-Serre, Triquéra, Bruzy, Sayroux, Quéroli, Maurel. Le XIII Catalan bat Bordeaux (24-14) en inscrivant 5 essais de Bosch, Maurel, Lavagne et Triquéra ; Bosch y ajoute les transformations et fut le réalisateur de la rencontre avec 16 points à son actif. Le but de Jean Galia est désormais atteint. 

Le Rugby à XII I est implanté dans l'Hexagone. il y a mis tout son temps, tout son savoir-faire. Les stades sont pleins. Le spectacle est total. C'est ce rugby-là qu'il souhaitait déjà en 1930 : "L'avenir appartient aux jeunes, aux joueurs de demain qui, fortifiés parles leçons du passé, améliorés dans une technique plus moderne, sauront soutenir la réputation de leurs aînés et faire flotter haut et souvent encore, les cou­leurs de France aux mâts d'honneur dressés sur les stades européens". Installé à Toulouse dans les années 40, il est propriétaire d'une chaîne de cinémas et président de l'Olympique de Toulouse qui se hisse à deux reprises (1945 et 1946) en finale du championnat de France. Il s'éteindra le 17 janvier 1944 à l'âge de 44 ans. Près d'un siècle après sa naissance, bien des légendes du rugby à XIII toulousain tels Sylvain Bès, Vincent Cantoni ou encore Sabarthès sont venus rendre hommage ce 18 décembre au père de tous les treizistes. Dont la mémoire est gravée à jamais dans le nouveau stade des Minimes.
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